BLA, BLA, BLA...

 

Plan texte : 

 

1 – Prétexte

2 – Exécution

3 – Développement

4 – Conclusion

5 - Remerciements

                                                                                  

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1- Prétexte:

 

Avant toute prose, tout discours, tout concept : la feuille blanche ! Point, trait dégradé jusqu’à la couleur,  l’espace. Des milliers

de paramètres difficiles à gérer, à l’équilibre plus qu’instable. Par sensibilité plus que par choix, un « mode opératoire »

s’instaure. Sensibilité culturelle, affective, tactile : l’origine est obscure. Plus le « mode opératoire » se stabilise, se clarifie, plus

la liberté expressive est grande ; plus grande est la possibilité d’improvisation.

 

La couleur, la matière, complète ou s’oppose au trait, à la composition. Le geste est ambi-dextre, débridé ou méticuleux, il est

ambigu, double. La main sent et pense. Pour qu’un équilibre puisse s’établir, des choix s’opèrent. Choix suppose réflexion,

discours, prose, bla, bla, bla…. La vie, au hasard des rencontres, là encore par affinité propose des textes d’écrivains,

d’historiens, de scientifiques même. Par hasard, nécessité ces textes auraient pu être autres, le discours différent. Prétextes, ils

nourrissent le « mode opératoire », gèrent la sensibilité. Aller-retour ou pensée et sensibilité luttent et se fécondent

mutuellement. Discours binaire donc.

 

 

2- Exécution:

 

Tout d’abord vite, très vite, au bord du papier lisse et cartonné, blanc et glacé…L’arme en encre noire est appelée :

Rotring 0,5mm. !

Vol hallucinant, halluciné, dans lequel les monstres, aliens intergalactiques, se perdent dans des constructions aux improbables

perspectives ; folles comme les guitares de Jimmy Hendrix et les vapeurs de haschich psychotropes. Les fumées se dissipent, les

guitares se calment avec Coltrane ; Miles Davies entre en scène ; les monstres se font tâches, courbes ou rondeurs ; les horizons

enfin perdus, les constructions se font trames de droites qui s’entrecroisent et achèvent la composition. Un code s’établit, des

structures apparaissent, un langage se forme. Au hasard de la sensibilité, les formes choisies auraient pu être autres, les

structures jugées significatives différentes. Leurs analyse n’a donc aucune prétention scientifique, poétique à la rigueur…

 

Ces structures sont :

1 -soit du réseau formé par les différents règnes de la nature (animal, végétal, minéral).

2 -soit du réseau issu de mon cerveau humain, urbain (structures mentales donc, comme des écritures automatiques répertoriées)

 

Soit, par exemple, selon l’icône « St Georges et le dragon » (v. texte de Michel Serres) :

 

1-  A gauche : La caverne, le dragon, la donzelle. En haut : Le ciel, les nuages, ronds ou spiralés (réseau nature-cœur).

 2 - A droite : La ville, le héros, le cheval ou char. En bas : Le labyrinthe, le cimetière, les catacombes (réseau urbain-raison)

 

Le surréalisme plane et ne s’arrêtera que quand haut-bas, gauche-droite cesseront d’exister.

 

 Les structures sont trouvées et copiées, vues et mémorisées ;  modifiées, transformées, mais pas inventées. L’invention est acte

d’imagination d’objets, consciemment ou non préexistants, transposés selon le goût, le hasard ou la nécessité car, selon

Lavoisier, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme…

 

L’abstraction est donc figurative.

 

La figuration est abstraite, extraite.

 

 Sorties de leur contexte, les structures changent leur lieu et raison d’être pour qu’elles arrêtent de s’opposer, de s’entre- tuer.

Les structures sont interchangeables dans le même cadre mythique qui les entoure : la nature elle-même où l’homme est la

nature. Le surréalisme pourra aller se coucher ; fin du discours bifide. Adam et Eve couchés, nus, entremêlés, au grand jour,

libres.

 

3 - Développement:

 

Après le papier cartonné et lisse, découverte du papier d’exécution artisanale à l’atelier de St Prex, mais aussi au moulin de

Monsieur Duchêne à Couze. La fibre folle s’élance éparpillée et se fait emprisonner en feuille par treillis octogonal : code binaire

donc dans la matière même, support à l’exécution ! Matière imbibée de couleurs ou frottée au pigment, autant dessinée que

peinte…. Les structures issues du mental ou de l’observation de la nature se rejoignent dans la matière même !

 

L’aquarelle apporte le geste, la tâche, la couleur, l’émotion.

La gouache (tempera), quel plaisir, des couleurs magnifiques.

L’acrylique m’a permis l’accès au grand format, 1/1 le corps humain se projette l’homme est la nature !

Avec l’huile, la pâte se fait matière, tant à problèmes qu’à réflexions ! Le châssis tend la toile, clouée puis tuée par le fond qui la

recouvre… Il m’a fallu longtemps pour trouver le fond, code binaire, en accord avec la nature, fait de droites et de courbes, de

fibres et de treillis.

 

 Depuis des siècles la peinture à l’huile est « cosa mentale ». Les couches, en vernis vitrifiés se superposent dans une logique

préconçue, implacable; que ce soit par nécessité, foi ou idéologie.  Nécessité de représentation en perspective, sainte trinité

religieuse ou trinité des classes sociales. Pas d’improvisation possible dès le « mode opératoire ; les rares effets de hasard sont

vite réprouvés pour former la méthode ; le dogme !

 

Je suis encore souvent fasciné par ma capacité d’exécuter des dessins, des peintures qui apparemment «  ne veulent rien dire » ;

suspendues dans le non-dire, flottent…

Le sens n’est pas dans la représentation, mais dans un subtil équilibre entre ce qui ressort de la sensibilité et du hasard avec ce

qui tient de la volonté d’exécuter, de faire, de refaire, restructurer et réordonner. Improvisation dans un rare état de grâce,

indéfinissable.

 

 

4 - Conclusion:

 

Aux lignes scotchées de Buren ou de Morellet, aux emballages de Christo, aux boogies woogies de Mondrian, aux géométries

des Delaunay, de Vasarely et autres cubistes conceptuels, fous de création par ordinateur, répondrait la peinture d’un de

Kooning, Pollock, Fautrier, Rothko, Zao Wou Ki ; impressionisme, expressionisme, action painting, au pinceau ou au fouet !

 

Pour dialoguer, un code binaire et en morphologies doubles, ( de  géometries ouvertes - la lance ;  ou fermées - la

ville, la cuirasse ) les structures sont entremêlées et libres pour arrêter le massacre !

 

Pour clore le discours entre autres milliers de couples sado-maso, maîtres-esclaves, riches-pauvres, bien-mal, homme-animal ;

voir le couple/coulpe, maître-élève, ami/confrère : Freud/Jung dans le très explicite film  "Une méthode dangereuse "

(en reference aux " mode opératoire" dans 1 - prétexte )

 

5 - Remerciements:

 

A l’atelier de taille douce de St Prex  où j’ai appris l’amour du travail bien fait avec des matériaux de première qualité et de très

très beaux papiers ! et pour mon premier vrai contact avec des peintres « abstraits », comme Tal-Coat, Yersin, Edmond

Quinche et Michel Duplain et, bien sûr, Pietro Sarto, Hans Herni, Lecoultre, Palézieux et aussi la cuisine de Luce…

 

A Liliane Schneiter professeur d’histoire de l’art à l’école des Beaux Arts de Genève (ESAV) pour avoir dirigé mon mémoire et

m’avoir fait découvrir le petit livre de Michel Serres, esthétique sur Carpaccio : « Saint Georges et le dragon » et aussi les

textes de Sartre  sur le Tintoret et Wols.

 

A tous mes amis qui m’ont fait comprendre l’intelligence des mains,  merveilleux outils  de compréhension qui pensent et

sentent à la fois.

 

A Etta Gonet, amie et webmaster ; sans son aide cette page « web » n’aurait jamais existé. A Olivier Gonet pour sa peinture, ses

livres, son vin blanc et son sens particulier de l’humour, en toute bonne humeur.